Les deux font la paire…
Quand low cost rime avec low level
Quel que soit le domaine concerné, on peut toujours trouver moins cher…On ne se soucie plus de la qualité d’un produit ou d’une prestation…On recherche une satisfaction quasi immédiate, celle (bien souvent fausse) de penser qu’on a fait une bonne affaire…Vite, bien et peu cher !
Cela a malheureusement deux conséquences : tirer la qualité et la valeur d’un service, d’un produit, d’un savoir-faire par le bas, puisque c’est devenu une référence, et habituer les personnes à se satisfaire d’une qualité moyenne en pensant consommer au plus juste.
Proposer du low cost en minimisant les circuits de distribution, la présentation des produits, la publicité et le superflu ok…à partir du moment où la sécurité, la santé ne sont pas mis en jeu…et que la valeur intrinsèque du produit, de la prestation reste acceptable.
Choisir du low cost et se contenter de la qualité ou de la compétence qui y est liée, c’est la liberté de choix de chacun. Il faut assumer ce que l’on obtient en échange, et surtout ne pas comparer avec ce qui peut être plus cher et de meilleure qualité… Mais en a t’on toujours conscience?
Concernant l’éducation canine, même dans sa partie la plus élémentaire et sur certains médias, on voit des annonces, des affirmations, des vidéos, des formules d’apprentissage en ligne, des abonnements qui vous promettent l’éducation parfaite de votre chien avec des méthodes miraculeuses…mais rarement le discours pédagogique ou l’explication qui l’accompagne car il n’y en a pas ou peu…et souvent il est incomplet ou faux.
Là, par contre c’est rarement le coût qui est bas…c’est plutôt la compétence…On montre des séquences de travail sans se poser la question de savoir si c’est « juste » ou pas…C’est comme envoyer un courrier sans l’avoir relu…Pas d’importance, dans 90% des cas le lecteur (débutant) ne voit pas les erreurs…C’est devenu la norme. Il faut montrer, on tombe dans le quantitatif au détriment du qualitatif. Et chacun y va de sa petite recette personnelle….(Parce qu’un jour j’ai vu que… »on » m’a toujours dit qu’il fallait faire comme ça…).
L’effet de surconfiance
Dans ce milieu, certains éducateurs sont touchés par l’effet de surconfiance ou syndrome Dunning-Kruger. Plus leur niveau de compétence est bas, plus ils affichent une confiance à toute épreuve et cela ne touche pas que les débutants. C’est peut-être de bons communicants, mais ce n’est pas le domaine qui nous intéresse.
Ils n’ont pas conscience de leur incompétence, et ne sont pas en mesure non plus d’évaluer les compétences réelles d’un expert. En mettant en contact un client profane et un éducateur de ce type, on est certain d’avoir un résultat proche de zéro, avec le risque d’augmenter le problème rencontré avec un chien adulte, ou de zapper des périodes importantes dans le développement du jeune chien. Traiter un problème de désobéissance, d’agressivité, d’anxiété ou de phobie avec l’unique proposition du lancer de croquettes est inimaginable et pourtant c’est encore fréquent.
Faire croire à un propriétaire de chien réactif, qu’il vaut mieux s’assurer que la voie est libre avant de sortir de chez soi, de jeter des croquettes au sol pour ne pas avoir à demander au chien de s’asseoir au risque de le faire monter en pression, conduit à un isolement social, une appréhension de l’environnement et des situations qui se transforment en expériences négatives quotidiennes pour le chien. Bien sûr on aura omis de coacher le maître pour qu’il acquiert le leadership (quel gros mot !) la gestuelle et les automatismes nécessaires pour contrôler son chien dans les situations qui l’exigent.
On cache la poussière sous le tapis, on se focalise sur les dérivatifs, mais sans traiter l’origine du comportement et ses conséquences. Beaucoup d’erreurs de diagnostic, d’ignorance, conduisent à accentuer le trouble de l’animal et le désarroi du maître. Un quotidien qui devient prison, une maltraitance passive qui aboutit souvent à l’abandon ou l’euthanasie. C’est souvent le fait d’éducateurs (trices) qui se sentent obligés d’afficher un label « éducation positive et bienveillante », dans l’espoir d’attirer une clientèle crédule, qui ne se rendra compte de leur incompétence qu’après les séances payées pour un résultat proche de zéro, si la séance a bien eu lieu…Il n’est pas rare d’entendre dire qu’à la vue de l’agressivité du chien, l’éducateur à refusé la prise en charge du problème.
Nous avons basculé dans l’ère du copier-coller, dans le monde de l’à peu près. Certains essayant d’appliquer plus ou moins ce qu’ils ont vu, sans pouvoir expliquer ce qu’ils montrent et pourquoi ils le font. D’un autre côté, on ne peut blâmer le lecteur qui cherche une information mais qui ne sait pas quoi regarder, qui ne décèle pas le détail important, mais se focalise sur les contours et la globalité, le “rendu” en couleurs sans se soucier des mécanismes employés pour y arriver…Tout en étant novice, on est en droit d’avoir une information de qualité si elle émane d’un professionnel.
Alors ne vous contentez plus de regarder et d’appliquer ce qu’on vous dit de faire…demandez qu’on vous explique la démarche…Est-elle cohérente, efficace, crédible, pérenne dans le temps ? A force de voir de “l’approximatif” on pense que c’est la norme…et on s’en contente…conforté en cela par une masse ignorante de danseuses au pouce levé…Avoir du bagout ne suffit pas…parler plus haut, plus fort, et tout le temps n’est pas la référence…même si les camelots vendent presque toujours leur marchandise sur les foires…
Pour le bien de vos chiens, et pour savoir avec quelle personne vous allez travailler, ne vous contentez plus seulement d’écouter ce qu’elle dit, mais observez ce qu’elle fait, comment elle le fait…et même si elle obtient une finalité pour ne pas dire résultat, demandez vous si c’est « cohérent ».
Canemspirit – Education canine & comportements canins